Piscine de rue

2019
boucle vidéo
4’27
Le point de départ de ce projet prend appui sur la pratique du « street pooling » en milieu urbain révélée dans la presse et dans des vidéos en ligne. Cette action consiste à ouvrir illégalement des bouches d’incendie en cas de fortes chaleurs, afin de faire jaillir violemment l’eau dans les rues. Les scènes sont spectaculaires ; l’architecture urbaine semble disparaître sous la masse d’eau et la circulation doit s’interrompre.
Piscine de rue superpose des matériaux issus de diverses sources. D’une part, des images que j’ai tournées aux abords de la cascade du Dard, en plans fixes dévoilent sous différents angles le flot puissant et ininterrompu de la chute d’eau. D’autre part, des bandes-son extraites de vidéos Youtube que j’ai récoltées puis archivées révèlent la pratique du « street pooling » en région parisienne lors des fortes chaleurs estivales. Avec cette superposition d’images vidéos et d’extraits audios, Piscine de rue présente la cascade du Dard, privée de son atmosphère sonore naturelle, et fusionne subtilement les images d’un environnement naturel avec l’univers sonore urbain. La cascade s’anime au son de la ville. La chute d’eau ne se révèle en effet qu’aux seuls bourdonnements des geysers citadins, à la clameur des riverains et aux bruits de la circulation des véhicules alentours. Des mouvements contraires naturels liés à la puissance de l’eau s’entrelacent : l’image du flot incessant de la cascade, s’écrasant contre les rochers se confond au vacarme produit par le flux ascendant de la colonne d’eau jaillissant des canalisations.
En combinant les cris d’exaltation d’individus en quête de fraîcheur à la force naturelle et expression primitive de la cascade, Piscine de rue évoque la vigueur qui pousse les citoyens à faire fi des conventions, et questionne dans une perspective plus large la présence primordiale de certains éléments naturels comme l’eau dans l’amménagement des espaces publics.